Le Benin aussi a son exemple d'hommes valeureux...

30 juillet 2020

Photo by Evitta11 via Flickr.com
Photo by Evitta11 via Flickr.com

Ce fut un dimanche ! Oui... en décembre; dans le village Baoura de la commune actuelle de Bembéréké au Benin. Agenda Culturel du Benin se rappelle de ce jour pas comme les autres, Un jour sombre pour les Wassangari ! Telle une trainée de poudre, la mort de Kaasè ébranla le pays Gbassi .  Aujourd’hui honoré sous le nom de Bio Guera, Gbaasi N’Guerra, de son nom de guerre Kaasè (c’est-à-dire porté par un cheval blanc, en Boo) s’éteignait sous les coups des hommes du commandant français FERIUS . 

Né il a très longtemps dans le village Gbassi de la commune actuelle de Kalalé, son père Boo Wasangari s’appelait Sabi Yérima du village Gbassi et sa mère Gando Yongon, originaire du village Gbêkou de la commune de Bembèrèké, 

Bio Guerra, apparaît plutôt ordinaire et calme, d’un esprit vif et prompt, il est direct et ferme dans ses propos. Enfant tenace, il travaillait dur au champ, ne se laissant pas approcher avec légèreté. Il était très épris de justice.
En plus des activités champêtres, il s’adonnait aussi aux activités de chasse. Il était tellement courageux qu’il s’était fait une grande renommée à la ronde jusqu’à Tchaourou, pour avoir réussi à tuer tout seul une panthère avec un poignard empoisonné.

Descendant d’une grande lignée de fières guerriers, il faisait honneur a son peuple en tant que chef du village de Gbêkou, luttant contre les autres provinces du Borgou. Au cours de la période pré-coloniale, on l’a vu combattre à Ouèrè (43km au sud de Kandi), Dounkassa, Sonnou, Kalalé et Bembéréké. Il n’avait jamais connu de défaite. Il n’a jamais choisi la voie de la facilité. Il voulait laisser un nom à la postérité. On l’appelait le «Dangereux de Yongon ».

Lors des fêtes de la GAANI à Nikki, il se faisait distinguer parmi les Wassangri par le nombre de ses compagnons, de ses chevaux et par les cadeaux qu’il distribuait, composés aussi bien d’habits que de chevaux. C’est tout cela qui lui valut la confiance et l’estime des autres Wassangari.

Agenda Culturel du Benin se rappelle encore de ce jour de Septembre ou, Bio Guerra fut destitué de son trône de chef du village de de Gbêkou par les princes coloniaux. Il ne résista pas à cette destitution ayant à cœur son peule mais, un an après il ne supportait plus les brimades et l’injustice des colons sur son peuple bien aimé.

Tout a commencer par l’affront que le commandant colon Ferius lui fit en venant à Gbêkou, et en assiégeant son domicile, haha ! il n'aurait jamais dû. Les soldats ou les tirailleurs de Ferius prenaient les poulets et les moutons des populations, jusqu’à vouloir attraper le coq blanc de Kaasè . Le chef militaire français a dû prendre ses jambes à son cou pour quitter le village ce jour la. Il a passé la nuit dans la brousse, avant de rejoindre Bembéréké, le lendemain.

Les hostilités ne faisaient que commencer. Kaasè envahi la ville de Bembereke. 
Très stratège, Bio Guerra, avec ses guerriers, privèrent d’eau l’ennemi, en s’arrangeant pour occuper la partie du village où se trouvait la rivière, puis, ils prirent en otage Ferius et ses hommes, s’étant retrouvés à court de munitions et de vivres. 
Pendant 17 jours, ils restèrent enfermés dans leur résidence, jusqu’à l’arrivée de la troupe de renfort envoyée depuis Parakou. 

En réalité, cette bataille a eu lieu dans un périmètre défini entre Bembèrèkè, Sinendé, N’Dali et la localité de Bouayoù. Les troupes françaises basées dans le bas Niger appelées en renfort, ont été bloquées par les hommes de Bio Guerra. 
A N’Dali, c’est à plusieurs reprises qu’ils ont intercepté la légion de Parakou. C’est le 14 ème jour que cette dernière finira par rallier Bembèrèkè, inversant alors les rapports de forces sur le terrain. 
Pour surprendre Bio Guerra par derrière, elle a dû contourner par Sinendé. Les combats reprirent de plus belle, devenant plus âpres. En témoignent les empreintes indélébiles des sabots du cheval blanc de Bio Guerra sur les montagnes de Bembèrèkè. 
Les hommes de BIO GUERRA submergés, celui-ci se retira à Baoura pour préparer une nouvelle attaque.
En effet, assailli par les troupes ennemies mieux armées, Bio Guerra et son cheval ont mystérieusement disparu du haut de ces montagnes, en plein combat. 
L’endroit est actuellement occupé par la forêt sacrée de Doumagnonrou qui signifie en baatonu, « le lieu où le cheval a bondi ». 

Située au cœur de la forêt classée de Ouénou-Bénou, cette forêt couvrait une vaste superficie, mais contrairement aux autres forêts sacrées, elle ne sert pas d’abri à des fétiches. Le cheval de Bio Guerra y a tout simplement pris son envol, pour atterrir sur un baobab à Baoura qui porte également les empreintes de ses sabots. 

Pendant les affrontements qui ont à nouveau éclaté à Baoura un dimanche de septembre, Bio Guerra a perdu son ami sincère, Sanni Guiso . Très affecté, il retira son gilet pare-balles, ses amulettes et bracelets de protection, avant de les confier à son fils aîné, Soro Komandi. Ses hommes n’avançant plus face à l’inégalité des forces, alors Kassè sortit de sa cachette, descendit de son cheval pour s’adosser à un arbre et fut tué par les hommes de FERIUS sur le champ de bataille à Baoura ou il a été enterré. Ce lieu fut appelé « Bio Guerra Baoura Kounon », pour indiquer le lieu où il s’est endormi.

On retiendra de la vie de ce stratège militaire, une vie faite de générosité, de dignité, de droiture, de fidélité à la parole donnée, d’abnégation et de patriotisme. Et comme pour tout wassangari, la mort vaut mieux qu’une grande honte, il se sentait interpelé par ce qui arrivait à ses concitoyens, à son peuple et à son pays que son père et grand-père lui ont appris à aimer, respecter et à défendre. Et c’est ce grand amour qui lui a donné la force pour prendre les armes afin de débarrasser son pays de cette ignominie, de cet esclavage auquel son peuple venait d’être soumis. 

Aujourd’hui, les Boo disent que Kassè est Boo et les Baatombu disent qu’il est Baatonu ; la preuve qu’il incarnait des valeurs .
Nos jeunes générations à la recherche d’authenticité ont des exemples telles que celui de Gbassi N’Guerra fils de la patrie Benin, dont ils pourraient s’inspirer dans leur désir quotidien de se battre pour leur réussite et dans leurs convictions.

Si aujourd'hui nous pouvons célébrer notre indépendance et la tabaski en toute liberté c'est aussi grace au sacrifice de cet homme valeureux...

Les vestiges de la résistance de Kassè existent encore et Agenda Culturel du Benin vous fera le plaisir de vous les faire découvrir.
Pour honorer sa mémoire, l’armée a érigé un mausolée dans lequel sont exposées ses munitions de guerre, ainsi que sa lance et son poignard resté vénéneux. Autant de potentialités donc à découvrir, sans oublier la visite des tombes des colons français et du village de Gbêkou avec les vestiges de la case de Bio Guerra à la porte ouverte du côté du coucher du soleil. Un tour au village Guerra N’Kali que Bio a rejoint entretemps, ne serait pas inutile.

Abonnez vous a Agenda Culturel du Benin pour visiter et découvrir l'histoire et les richesses d'un pays riche de sa culture et des vestiges de ses héros, et retrouvez sur https://agendacultureldubenin.com une planification variée d'évènements culturels ainsi qu'un plan de visite inspiré par vous.

Bonne fête de l'indépendance et de tabaski...


 

 

 

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