Dassa-Zoume, ce n'est pas seulement des collines, ce fut aussi un royaume...

13 août 2020

Photo by Eric Lafforgue via Flickr
Photo by Eric Lafforgue via Flickr

Aujourd’hui Agenda Culturel du Benin vous amène au royaume de ‘Igbo Idaatcha’. 

Autrefois, une vague migratoire des ‘Egba’, conduite par le prince 'Oladégbo' et sa femme enceinte, a rejoint les premiers Yorubas qui vivaient déjà aux pieds des collines éparpillés dans l’immense forêt, et n’arrivaient pas à s’identifier.

Grâce à son armée, à sa politique de développement et à son sens élevé d’organisation, le prince Oladégbo a su concilier les premiers Yorubas avec les siens. Cette entente a débouché sur la fondation d’un royaume : le royaumed’Igbo Idaatcha’ venait de naitre sous l’œil éclairé du prince Oladégbo devenu roi sous le nom fort de ''Jagu Olofin''  La femme de Jagu Olufin mis au monde une fille tellement belle que son père l’appela Daissia. C’est ce nom que portera plus tard cette communauté. 
Plusieurs rois ont succédé a Jagou Olofin tous descendant de sa lignée.

Le plus grand adversaire auquel devait faire face le nouveau royaume des Egba devenu Omondjagoun, était le royaume Fon voisin (Royaume du Dahomey), dont l’appétit pour les armes et la guerre étaient de plus en plus grandissant.  En effet, ayant conquis plusieurs territoires jusqu’à la cote, les rois Fon avait pris gout au commerce des esclaves en échanges d’armes à feu. Il livrait bataille aux royaumes voisins et capturaient leurs hommes pour les vendre comme esclave. Cette agression permanente n’épargnait pas le royaume de Dassa qui a dû se réfugier sur les collines pour profiter de cette forteresse naturelle.  Leur nouvelle demeure était entourée de précipices infranchissables, accessibles que par deux chemins abrupt semés de roches et de cailloux. Les Dassas construisirent leurs cases sur le flanc des collies sans dépasser une limite bien indiquée par un gros roc fige en terre.

Agenda Culturel du Benin vous fait découvrir cette grosse pierre qui délimite le territoire des Dassa et celui du roi de la Montagne Yaka située dans une petite clairière entretenue et désherbée.

Normalement le domaine sacré du roi était interdit à tous il y vivait en solitaire et seule sa femme qui pouvait aussi descendre au village, y avait accès. Les enfants du Roi étaient confiés a ses parents des qu’ils pouvaient se séparer de leu mère.

Bien que personne ne pouvait aller voir le roi dans sa montagne, il recevait quand même la visite chaque soir de son ancêtre Jagu Ofofin, sous la forme d’un gros serpent. Pendant ces visites nocturnes il léchait le corps du roi pour lui transmettre sa force.

Les mythes rapportent à Agenda Culturel du Benin, que Jagu Olofin fut un chef grand et puissant. Le règne de Jagu Olofîn dura longtemps, si longtemps que ceux qui jalousaient sa puissance se lassèrent d'attendre et décidèrent de se débarrasser de lui. Ses ennemis construisirent alors une case sans portes ni fenêtres, où ils enfermèrent le vieux roi. Ne le voyant plus, son fils aîné se mit à sa recherche. Au bout d'une semaine, il découvrit la case dans la brousse. En regardant par une fente du toit, il aperçut son père à moitié mort de faim. Alors il s'empressa de lui apporter de la nourriture et, pendant six mois, le malheureux roi, toujours enfermé, fut nourri ď Acasa (boules de farine de maïs cuites à l'eau) et de lait que son fils lui donnait par un trou du chaume de la toiture.

Un jour, le roi déclara à son fils qu'il était las de vivre et qu'il souhaitait la mort. Lorsque ce dernier vint le lendemain apporter la nourriture, il trouva la case démolie et vide. Le fils se désola, il appela son père, il le chercha vainement. Cependant, il découvrit un endroit de la brousse où les herbes couchées dessinaient un petit sentier étroit et sinueux. Il s'y engagea et il arriva à une clairière au centre de laquelle se tenait un énorme serpent lové.

Ce reptile était Jagu Olofïn. Son fils sut ainsi que son père n'était pas mort, mais qu'il ne le verrait plus sous forme humaine, car il était devenu un serpent sacré. Et Jagu Olofín s'enfonça dans la terre.

Le fils reprit alors le chemin sinueux, qui n'était autre chose que les traces laissées par le serpent, et retourna au village raconter ce qu'il avait vu.

Les lieux où se déroulèrent les événements que Agenda Culturel du Benin vous relate sont dénommés Yigbonla ( la grande forêt) ; les Dassa en parlent avec crainte et respect à la fois et nul n'oserait s'y aventurer. Yigbonla qui est le cimetière des rois Egba de Dassa ; il est situé dans la brousse, non loin de Dassa-Zoumé.

Le plan du cimetière a la forme d'une étoile ayant, en son centre, la clairière où Jagu Olofïn se montra métamorphosé en serpent. Cet endroit est désherbé et bien entretenu, très propre. Le trou dans lequel disparut l'ancêtre, recouvert d'un tas de feuilles sèches, est considéré comme sa tombe. Tout près, trois pierres plates disposées en triangle sont les sièges destinés aux représentants des cadets de chacune des trois générations qui ont suivi immédiatement celle de Jagu Olofïn, lorsque ces derniers viennent présenter des offrandes au fondateur de la dynastie. Un peu plus loin est plantée une branche fourchue, haute de 80 cm environ.

D'énormes troncs d'arbre abattus marquent les limites du cimetière : un tronc barre l'extrémité de l'allée où sont enterrés les rois les plus récents, un autre coupe le chemin à l'entrée du cimetière. Près de l'entrée est édifiée une case qui représente celle où Jagu Olofîn resta six mois emprisonnés. Lors du décès d'un roi, son cadavre est déposé pendant quelque temps dans cette construction avant d'être mis définitivement en terre. Un chemin sinueux comparable à celui que traça le serpent lorsqu'il s'enfuit de la case mystique relie la construction décrite à la clairière centrale.

L'accès au cimetière royal est rigoureusement interdit. Seuls, trois hommes porteurs de la salutation-devise « Ото Jagu Ogudu » peuvent y pénétrer pour exécuter les sacrifices rituels sur les tombeaux et communier avec les morts.

Les offrandes sont toujours alimentaires. Quelques parcelles sont données à l'ancêtre qu'on honore et qui est censé occuper la branche fourchue précédemment mentionné, pendant le sacrifice, le reste est consommé par les officiants, assis sur les pierres plates situées auprès des tombes.

Les trois personnages chargés du culte des ancêtres représentent les cadets de chacune des trois générations qui suivent celle du premier roi.

Aujourd’hui quand on pénètre le territoire de Yaka on ressent la particularité du domaine . Une case en argile avec un toit de chaume vous accueille. De forme rectangulaire, il se subdivise a l’intérieur en deux, a gauche vous avez un vestibule qui ouvre le chemin traversant la case dans lequel on retrouve des cranes de moutons et de singes suspendus, restes de sacrifices, et à droite une pièce abritant un lit de planche. Ce lit accueillait le roi mort pour sa toilette démarrant ainsi la première étape dune série de rites et de cérémonies se déroulant a l’intérieur du domaine sacre. Vous pouvez découvrir outre cette case, d’autre vestige de la même forme la plupart en ruine.

Photo by Viara Sedai via Flickr
Photo by Viara Sedai via Flickr

De toute ces cases une seule attirera votre attention de par sa forme circulaire, située au sommet de la montagne. Cette case servait a enfumer le corps suspendu du roi, pendant trois mois avec trois feuilles odorantes dont l’oranger et d’autres feuilles gardées secret.

Cette case ne sert plus aujourd’hui a enfumer le roi, mais demeure toujours un sanctuaire sacrée. A l’intérieur face à l’entrée on retrouve alignés contre le mur trois tambours sacrés appelés ‘ilu jagede ‘. Le tambour du milieu est soigneusement enroulé par un tissue blanc pour montrer son caractère sacré et sa place centrale dans les cultes.

Yaka continue d’être un lieu de culte ou chaque trois ans on continue de faire des sacrifices de moutons sur un autel de terre, abrité par une paillote, dédié a Jagun Olofin. Plusieurs autres tambours se retrouvent sur ce lieu de culte ainsi que des vases décorées très délicatement.

L'histoire du royaume des Omondjagoun’ est pleine de rebondissement et Agenda Culturel du Benin ne saurait tout raconter dans les details. Une visite guidée est souvent plus parlante qu'une histoire racontée.

Rendez vous www.agendacultureldubenin .com pour créer votre moment personnalisé chez les descendants de Jagun Olofin et savourer leurs boissons locales.

Photo by Dahovi229 via fbk
Photo by Dahovi229 via fbk

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